D&D n°837 – Une lecture fatiguante

« Chefs d’œuvre du fantastique, de E. T. A. Hoffmann à Stephen King », réunis par Jacques Goimard

Plein de bonne volonté et de désir de m’instruire, je reprends cet omnibus, de la page 337 à 560.

On commence par un classsique, Le Horla de Guy de Maupassant dont je ne me souvenais pas, ni de l’histoire tout en non-dit, ni du style que je pensais plus simple. Et c’est un peu pareil pour le suivant Comment l’amour s’imposa au Professeur Guildea de Robert Hichens. Lokis de Prosper Mérimée,un peu plus  explicite est déjà plus intéressant. Un ours-garou, quand même ! Le Olalla de Robert-Louis Stevenson m’a déçu pour un Stevenson.

Et boum ! Juste derrière c’est de l’horreur  pure avec Le radeau de Stephen King. Vraiment très explicite.Après les précédents textes, c’est violent.

Puis c’est le meilleur de cette série, Père et fille de Thomas Owen, un juste équilibre entre une écriture soignée et une histoire fantastique. Ça m’a donné envie de  chercher les Owen dans ma bibal.

D&D n°837 – Merci Roger, encore

« Le Songe d’une nuit d’octobre » de Roger Zelazny

Je vous disais il y a peu  mon admiration, frisant la fanitude, pour ce très grand auteur. Ce n’est pas avec ce livre-là qu’il me décevra.

Un peu compliqué à pitcher si on  ne veut pas être aussi nul que les auteurs de la quatrième de couv’, il s’agit d’un rituel qui a lieu tous les 19 ans, quand la pleine lune tombe le jour d’Halloween. Ces moments sont ceux où les « ouvreurs » tentent  d’appeler sur la Terre les Anciens Dieux décrits par Lovecraft quand les « fermeurs » tentent de les en empêcher. À cet étrange jeu participent des personnages ressemblant à Dracula, Scherlock Holmes ou Frankeinstein et son monstre. La partie commence dès le début du mois d’octobre en préparation du final.

Les joueurs sont accompagnés chacune ou chacun par un animal pensant et parlant. C’est d’ailleurs un chien, Snuff, le narrateur.

Le plaisir de lecture, outre la construction et la façon de raconter, vient de ce que ces événements, parfois dramatiques ou qui pourraient être angoissants, sont relatés avec légèreté et humour. Le rôle des animaux est aussi important, voire plus, que celui des humains. C’est un hommage au Lovecraft des dieux oubliés à tentacules mais aussi à celui du Monde des Rêves.

Et la meilleure amie de Snuff est une chatte.

Timothée Rey propose une préface fichtrement érudite et utile pour les curieux.

Du nanan !

D&D n°836 – Fajardie est grand

 

°Au-dessus de l’arc-en-ciel » de Frédéric H. Fajardie

J’ai très peu eu l’opportunité  de vous causer de cet écrivain d’exception. J’en avais parlé un an après sa mort, du bouquin sur la guerre d’Espagne Une charrette pleine d’étoiles et mon pote Hervé aussi, d’un roman de cape et d’épée, Le Conseil des Troubles . Bizarrement je n’avais pas eu l’occasion de parler de sa veine noire, la plus connue.

Avec Au-dessus de l’arc-en-ciel, on y est. La référence dans le titre est celle de la guerre du Vietnam d’où reviendront deux personnages. Drôle d’histoire de contrats, de mafieux, de flingues et d’explosifs, une guerre, entre une nombreuse bande de mafieux et deux types retranchés dans un bunker en Sologne.

Parce qu’ils ont une jeunesse en commun et qu’ils ont braqué l’or des militaires états-uniens à la libération, presque 40 ans plus tôt, le vieux type du bunker fait appel à trois amis qui vivent en Amérique pour le tirer de là. Viendront-ils alors qu’ils sont  aujourd’hui d’importants personnages publics ?

C’est court, ça défouraille grave, c’est plein de petites choses émouvantes dans les dialogues et c’est une réflexion sur l’amitié. Dommage qu’il y ait si peu de philosophie politique, que je goûte particulièrement chez cet auteur.

Merci Charybde 2

D&D n°835 – À boire et à manger

« Chefs d’œuvre du fantastique, de E. T. A. Hoffmann à Stephen King », réunis par Jacques Goimard

Il semblerait qu’un membre de ma famille proche me trouve léger  sur les références aux Grands Anciens dans ces biftons d’humeur. Il n’a pas tort mais je ne suis ni exégète, ni critique, ni chroniqueur et, surtout, mes neurones mémoriels sont presque tous cramés. Bref, je me retrouve à lire du « classique », en tout cas sur les auteurs retenus, parce que les textes…

Je n’ai lu qu’un bout, dans l’ordre (336/1121)) choisi puisqu’il n’a rien de chronologique et mélange les auteurs de différents siècles. Faut laisser un blanc entre chaque nouvelle.

On commence par une préface que je n’ai pas finie pour définir le  fantastique, et on l’oublie.

Achim von Arnin est un rien ennuyeux dans son « Melük Marie Blainville ». Le « Viy » de Gogol est étonnant à plus d’un titre, surtout sur les mœurs des étudiants ukrainiens dans cette histoire reprise du folklore. Dans ces deux textes s’éveille la sorcière, belle et méchante.

Le texte de William W. Jacobs, « la Patte de singe » aurait pu rester inconnu de moi. « Peter Brugg a disparu » de William Austin est assez original sans avoir ni queue ni tête (de diable, bien sûr).

« Le jeune maître Brown » de Nathaniel Hawthorne est d’un niveau  au-dessus, avec de l’humour (que j’espère volontaire) sur le satanisme dans les villages.

Maintenant, deux pépites qualifiables de chefs d’œuvre, « La Faux » de Ray Bradbury et « Marée basse » de  Jacques Sternberg, sur la mort. Sans doute très connues, je ne me souvenais pas les avoir lues.

Charles Dickens a écrit du fantastique (Ah bon ? me dis-je, ignare que je suis) mais « le Signaleur » ne m’a pas paru terrible du tout, et mal construit. Mais qui suis-je pour oser dire sur un maestro incontourné ?

« Celui qui se faisait appeler Schaeffer » de  Yves  et Ada Rémy ne m’a pas enthousiasmé, ni « La bête à cinq doigts » de William Harvey.

Et voilà Edgar Poe avec « La chute  de la Maison Husher », dont personne, même pas Bademoude, n’osera contester la présence dans un bouquin avec un titre pareil.

« La morte amoureuse » de  Théophile Gauthier est un peu trop emberlificotée dans un vocabulaire recherché pour que j’éprouve du plaisir à sa lecture. Dommage.

Quant à « Le Chupador », ce n’est pas du tout le Claude Seignolle dont j’avais souvenance: sorcellerie et campagne, simplicité et fantastique. Non, c’est un texte  hyper travaillé (à en devenir pénible) sur une forme impossible (même dans un texte fantastique) de vampirisme.

Je m’arrête là. Chefs d’œuvre ? Il y en a mais de nombreux textes n’on pas emporté mon adhésion. C’est comme ça. Je suis pénible, je sais.

D&D n°834 – Louis l’intrépide

« La danse des illusions » de Brigitte Aubert

Je vous passe les heures perdues à essayer d’accrocher à de la fantasy plan-plan la praline. C’est un auteur français, je garde ma bonne résolution de ne pas être méchant.

J’avais oublié, lors de mes achats compulsifs chez 10/18, cette deuxième aventure du journaliste parisien de la fin du XIXe. Je les aurai donc lu dans le désordre : Le royaume disparu , qui se passe  au Dahomey (quatrième ?), Le miroir des ombres  (premier), Le secret de l’abbaye   (troisième) et maintenant ce deuxième. Mais c’est pas grave.

On retrouve bien sûr nos héros habituels, le journaliste fonceur, sa belle cantatrice rousse,  son pote légiste et magicien et le militaire plein de muscles. Comme dans chaque épisode ils rencontrent les hommes célèbres de leur temps, qui font de la figuration, et d’autres personnages souvent hauts en couleurs mais pas toujours fiables.

Cette histoire commence à Paris par le meurtre d’enfants de la rue, déjà battus et exploités, mais qui deviennent les victimes de pervers sadiques. L’enquête se poursuivra et se terminera à Venise, après des péripéties innombrables. C’est très remuant et on n’a pas le temps de se reposer.

Mon souci avec Brigitte, c’est qu’elle fait des recherches et une bibliographie d’enfer, qu’elle nous régurgite en chiffres et en noms sur les îles et les canaux, entre autres. Il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup, de digressions culturelles et historiques. Faut aimer, moi pas tellement. Même si on apprend plein de choses…

Sinon ça se lit à l’aise et avec plaisir.

D&D n°833 – Déçu en bien

« La bibliothèque de Mount Char » de Scott Hawkins

Je ne vais pas me gêner pour utiliser cette expression en direct de Romandie, un pays où j’ai vécu de nombreuses années. Je m’attendais à un truc illisible, tous ceux qui me connaissent un peu ne me voyaient pas dépasser les 100 pages, même le gentil dirlitt pourvoyeur de ce SP.

Eh ben non, j’ai lu jusqu’au bout et  avec plaisir ce délire absolu de fantasy. En fantasy on peut écrire et inventer n’importe quoi. C’est pratique, facile et souvent pénible. Sauf toutes les exceptions dont il m’arrive  de biftonner, dont ce bouquin. Scott invente tout, des personnages impossibles à une cosmologie improbable, des dieux bizarres, des êtres omniscients et omnipotents, capables de ressusciter les morts, prévoir l’avenir, modifier le Temps, parler aux animaux.

C’est inracontable et je ne m’y essayerai pas (d’autres sur la toile l’ont fait, allez les lire). Je souligne deux choses majeures dans cette longue histoire racontée n’importe comment et surtout n’importe quand : le rôle majeur joué par les animaux et l’humour. L’auteur raconte des choses vraiment horribles mais toujours avec un ton léger et distancié qui donne tout son sel à son roman.

Mais pas de Bademoude sans bémols : je n’ai été surpris que par une fraction seulement de la succession de coups de théâtre à la fin et le dernier chapitre m’a gêné, tout ça pour annoncer une suite ? Alors que ce livre tient la route tout seul ? Ou est-ce un dernier effet comique ?

D&D n°832 – Beau retour

« Diable Rouge* de Joe R. Lansdale

Je vous avais fait part de mon inquiétude concernant les aventures de Hap et Leonard vers le milieu de la série où ça ne tournait plus qu’autour de l’invraisemblance et du scato/gore bien coulant. Mais cet auteur a du comprendre son erreur et a retourné sa façon d’écrire, de raconter en y insufflant  plus de poésie que de bites/couilles et de philosophie que de chatte/nichons. Bravo.

Déjà Vanilla Ride m’avait heureusement surpris en remontant le niveau, ce Diable Rouge continue dans la même veine. Toujours agents opérationnels dans la boîte de privé de leur pote Marvin, ex-flic, on confie aux deux amis une affaire déjà un peu refroidie mais qui va s’avérer dangereuse au possible. Les pires de tueurs à gages sont impliqués et Hap et Leonard vont bientôt devenir leurs  cibles .

Je ne pitche pas plus, faites-moi confiance, c’est une excellente aventure de nos deux héros et non pas « le retour des tontons flingueurs dans un polar tout feu tout flamme » comme le dit  connement la quatrième de couv’ de Denoël…

D&D n°831 – Faible d’idées et mou du genou

« Les Affinités » de Robert Charles Wilson

La dernière fois oû je vous parlais de Robert, c’était il n’y a pas si longtemps, pour Les derniers jours du Paradis que j’avais trouvé médiocre. À l’occasion j’avais fait l’effort de chercher les liens des biftons consacrés aux bouquins du monsieur (Bel effort, admettez-le !). Retournez-y si envie.

En résumant, quand il débutait, Il écrivait des romans fantastiques courts plutôt bien (frisant Steinbeck et Sturgeon, disais-je avec mon exagération coutumière). Puis ce fut le miracle Spin, best-seller adulé, primé, incontournable néo-classique de la SF. Oui d’accord c’était bien, quoique longuet. Mais après… Des suites plus ou moins ratées et du portnawak à  foison.

Là on passe les bornes. Avec une idée pas terrible sur le regroupement en affinités électives décidées par des algorithmes, certains groupes humains sont mis en contact et s’entraident. Bon. De quoi faire une nouvelle, et encore, une courte. Alors, comme d’habitude, on se traîne pendant des pages et des pages avec la psychologie. Pas terrible puisqu’aucun des personnages n’emporte ma sympathie, et surtout pas le narrateur. Et des bavardages philosophiques au niveau des pâquerettes, alors que qu’ une des rares qualités que je reconnaissais au Robert, c’était de penser propre…

En plus, il veut faire un thriller. Or il ne maîtrise absolument pas : les scènes de bagarres ou fusillades sont nulles.

Le traducteur ne s’est pas amusé et a dû composer pour nous proposer des tranches, des brides et des sodalités. Par contre, le protéinome n’existe pas, le protéome, si. Quant aux algorithmes on les imagine plutôt évolutifs qu’évolutionnaires.

D&D n°830 – Parano et rigolo

« X-files », saison 10, (2016), série créée par Chris Carter

J’étais fan de cette série et l’ai même revue entièrement il n’y a pas si longtemps. J’ai donc sauté sur cette reprise à sa sortie mais n’ai pas pu finir le deuxième épisode. Bizarre, hein. Faut dire que d’autres séries plus innovantes me tenaient en haleine, comme The Leftovers.

Puis je suis passé à la saison 3 de Twin Peaks, un truc vraiment dingue à la fois fascinant, inquiétant et difficile à comprendre, que je revisionnerai un jour mais dont je suis bien incapable de faire une analyse ou de donner une opinion. J’ai donc, après ces mois d’autres choses, repris cette saison 10 des X-files.

Alors ce n’est pas comme dans Twin Peaks, on n’est pas perdu du tout. Les personnages retrouvent leurs caractères, leurs qualités et leurs défauts, même s’ils ont aujourd’hui la cinquantaine. Carter continue à faire de la philo simplette et à opposer le mécréant Mulder à l’esprit ouvert mais lucide à la catho Scully tellement scientifique. Sur les six épisodes, le premier et le dernier occupent le fil rouge de la paranoïa totale, la fin du monde précipitée par les vilains qui dirigent le monde (dont l’homme à la cigarette qui n’est pas vraiment mort). Ces ordures utilisent la technologie extra-terrestre découverte à Roswell en 1947 ! La crédibilité du truc avec Scully qui sauve le monde d’une pandémie avec une pinte de son sang laisse à désirer mais bon…

Les autres épisodes sont des enquêtes souvent menées sur le mode distancié et rigolard où nos deux enquêteurs sur le retour ont l’air de bien s’amuser aussi.

Plutôt sympathique et parfois drôle, je vais me laisser tenter par la saison 11.

 

D&D n°829 – Uchronie au carré

« Aylus » (La voie des Oracles, III) de Estelle Faye

Et ça se complique encore ! Obligé de spoiler, de toute façon ce dernier tome n’est pas lisible sans les précédents. C’est une trilogie ! La règle en fantasy !

Bref, à la fin du tome II, Thya la Voyante, pour sauver certaines vies, à accepté le deal d’Hécate et remonté le fil du Temps et du Destin, inversant les rôles entre son père le héros et son oncle le voyant maudit. Tonton Aylus est Imperator, Rome est dirigée par les Devins et ça pose des petits soucis de liberté, genre on arrête les gens avant qu’ils ne commettent des crimes (ça ne vous rappelle rien ?). Les anciens dieux sont de nouveau adorés quand sont bannis les christophoros. La jeune Thya, de cette uchronie dans l’uchronie, est élevée par Tonton à Rome mais elle a bien ses pouvoirs de voyante et rêve de son autre vie. Quand à Thya la vielle, la seule à tout avoir vécu, elle va de nouveau tirer les ficelles, mais dans l’autre sens, si j’ose dire. Enoch n’est plus le même, le méchant frère non plus et Aylus est devenu un tyran malade.

J’arrête là la défloration d’une intrigue bien compliquée avec plein de nouveaux dieux et de créatures fabuleuses surgissant de partout et provenant des mythologies romaine, grecque, étrusque mais aussi celte et bien d’autres encore (mais pas égyptienne, bizarre). Vrais dieux en promenade sur Terre, dieux et déesses réincarnés en humains, des gentils (pas beaucoup et faibles) et des méchants nombreux, variés et puissants. Tiens ? Hécate a disparu. Bon.

La trame est éclatée et on voyage encore beaucoup entre Rome, Carthage, la Gaule aquitaine, la Brittania (et le Sidh des Celtes, malade aussi) et Borg des Vosges, bien sûr, où tout s’est joué et où tout se jouera. On prend le bateau, mais aussi le cheval des mers ou les vieux cairns et menhirs pleins de glyphes qui servent de portails à la Stargate, ou encore on demande gentiment au dieu qui ouvre les portes.

Alors c’est plein de personnages et de détails pas forcément utiles mais on suit très bien l’histoire, ce qui démontre que l’auteure a une imagination débridée mais raconte très bien. Même si j’ai trouvé qu’on frisait parfois le too much en dieux et créatures, j’ai terminé sans accroc et avec plaisir. Alors, que demande le peuple ?